- D+: 1569m
- D-: 1569m
- distance approximative : 29 km
- temps avec les pauses : 12 heures 03 minutes
Tout le monde décrit la montée au pic Carlit comme une autoroute, les pêcheurs nous ont expliqué qu'il faut parfois faire la queue à proximité du sommet pour pouvoir franchir les passages difficiles. Je décide donc de me lever très tôt, je prends mon café dans l'obscurité et je décole à 6h36, exactement au lever du jour.
Je rejoins facilement le sentier balisé repéré la veille, les nuages sont encore présents dans la vallée.
La montée vers le pic Carlit d'est en ouest est vraiment splendide, surtout le matin : quel que soit l'endroit où on se trouve, on a le pic en ligne de mire, parfaitement éclairé.
Un pont de bois permet d'enjamber le ruisseau reliant l'Estany Bailleul à l'Estany Long, puis le sentier commence à monter dans la verdure. Des randonneurs ont choisi un lieu de bivouac un peu ombragé mais plutôt sympa question point de vue...
Aucune difficulté pour l'instant, on arrive facilement au dessus de l'Estany de Sobirans à 2400 mètres d'altitude.
Devant moi, le pic Carlit est majestueux. On voit très bien le début et la fin du sentier, mais entre les deux je ne sais pas encore par où je vais passer. Un panneau indique l'accès difficile au Carlit, il est possible de retourner à Bouillouses par la boucle des 12 lacs.
A partir de cet endroit, la verdure fait place aux rochers et à la neige, mais par un temps aussi calme il n'y a pour l'instant pas vraiment de difficulté : on contourne la neige par la gauche et on accède au pic par le flanc.
En direction du sud-est, je peux voir le plateau où nous étions hier, en direction de la Coma dels Forats.
L'accès final est un peu plus délicat et demande quelques pas aériens. C'est sans doute par ici qu'il faut attendre son tour en cas de forte affluence, mais ce matin je n'ai pas encore vu âme qui vive.
J'arrive au sommet à 9 heures, en même temps qu'un groupe de trois personnes qui viennent de l'ouest. La vue est à 360°, je m'amuse à prendre des photos sur la totalité de l'horizon. Il en faut 10, voici les plus remarquables.
La présence des trois personnes nous permet d'échanger mutuellement la photo souvenir...
Il est encore tôt, j'ai des fourmis dans les jambes aussi je décide de repartir. Mais faire demi-tour ne me plait pas trop, mon sac est vraiment léger en comparaison des autres jours, et je pense que j'ai le temps de faire la grande boucle étudiée avec Christine la veille : descendre jusqu'au lac Lanoux, le longer, puis revenir jusqu'à Bouillouses par le GR 10. Mais pour cela je ne dois pas trainer, il n'y a à priori pas de difficulté particulière mais la route est longue...
...Et elle commence par un vaste pierrier, à l'ombre et dans le vent. Autant la montée était agréable par la face est, autant cela doit être laborieux du côté ouest, je vous laisse juger par vous-même.
De mon côté, il ne me faut guère plus d'une demi-heure pour dévaler les 450 mètres jusqu'à l'Estany dels Forats. Il n'est que 10 heures mais j'ai une faim de loup, je décide d'y faire ma pause pic nic en admirant les icebergs qui subsistent encore.
Au moment de repartir, je remarque un trait au crayon sur la carte, signe d'un itinéraire hors sentier repéré par Christine sur internet. Depuis le lac, il prend plein nord jusqu'au Rec dels Forats, puis il suit ce ruisseau vers l'ouest pour rejoindre le sentier. J'étais décidé à suivre les sentiers aujourd'hui car étant seul, mais cette petite escapade me parait facile, aussi je quitte les traces et rejoins facilement le ruisseau au nord. Il serpente à travers la prairie, je me dis qu'un bivouac ici aurait pu être bien sympathique...
Un peu plus bas, le ruisseau s'engage dans une gorge, c'est plus étroit mais ça passe sans trop de difficulté.
Il me reste à traverser le ruisseau pour rejoindre le sentier, je choisis d'enlever mes chaussures pour éviter les floc-floc par la suite.
A l'approche du lac de Lanoux, je choisis de descendre pour emprunter le sentier qui passe sur le barrage. Il faut pour cela rejoindre le sentier venant de Porté Puymorens, passer au pied du barrage et remonter de l'autre côté. Le mur est impressionnant, pas une goutte d'eau ne s'écoule par ici.
Je suis un peu inquiet car il n'y a personne dans les parages, et en particulier aucune silhouette sur le barrage. A juste titre, car je tombe sur une solide porte en fer, avec un cadenas tout aussi solide.
Je me dis que ma carte IGN doit être trop ancienne, pourtant elle date de 2011. Il n'y a aucune possibilité de passer et je dois donc faire demi-tour, cela me fait perdre une heure. Je trouve des employés EDF au niveau des installations, et je leur demande pourquoi le GR est fermé. Ils m'expliquent qu'on ne peut plus traverser pour des raisons de sécurité, et que le passage est interdit depuis environ deux semaines ! Je n'ai donc pas de chance, mais surtout je trouve que l'endroit manque vraiment de panneau explicatif.
Je suis donc obligé de revenir à peu près jusqu'à l'endroit où j'avais rejoint le sentier. Je dois traverser à nouveau le Rec del Forats avant qu'il se jette dans l'étang, puis je suis avec attention les marques. Je passe près d'un vieux pluviomètre, qui me rappelle de bons souvenirs l'an dernier dans le Mercantour, du côté de la
brèche Borgonio.
Je domine ensuite le lac Lanoux, plus grand lac des Pyrénées mais pas le plus fréquenté : comme au barrage, il n'y a vraiment personne par ici...
Je rejoins le GR 10 à la cabane du Rouzet, propre et bien entretenue mais au sol un peu dur. C'est en tout cas la seule cabane à peu près satisfaisante pour une nuit que j'aurai pu voir durant cette rando.
Je discute avec un groupe de jeunes qui arrivent d'En Beys et prennent leur repas de midi (normal, il n'est que 13h30). Ils n'ont pas vu grand monde non plus, et vont comme moi jusqu'à Bouillouses, ce qui me rassure un peu. Sauf que j'aurai ensuite à remonter jusqu'à Llat, et que j'en ai déjà plein les jambes. Il faut pour cela commencer par franchir la Portella de la Grava, ce qui s'avère très facile car le terrain herbu est absolument idéal.
Je trouve un peu de réseau pour le première fois depuis Carlit, et j'en profite pour envoyer un SMS à Christine qui m'attend en bas. Le col est immense, on pourrait y faire un terrain de foot.
Je redescends rapidement vers l'Estanyol, puis découvre la longue marche qui m'attend en suivant le Rec de la Grava puis la Têt jusqu'à Bouillouses.
Le sentier est souvent martyrisé par les animaux, l'eau et peut-être aussi les randonneurs, aussi je n'avance pas aussi vite qu'on pourrait le penser...
Heureusement, il finit par s'assécher, et passe dans une pinède avec des mares qui ne sont pas sans rappeler les
pozzines du lac Nino en Corse.
J'arrive enfin au bout de cette vallée et rejoins le sentier qui monte aux Camporells vers le Nord. Il me faut maintenant longer le lac des Bouillouses, le sentier ombragé est agréable mais très long lui aussi, surtout quand on marche depuis une bonne dizaine d'heures.
Arrivé au barrage, je n'ai plus qu'une envie, rejoindre le plus rapidement possible Llat pour ôter mes chaussures et manger, car j'ai sous-estimé le nombre de barres à emporter en plus du pain-saucisson de ce matin...
Je croise alors des centaines de personnes qui redescendent au parking. Moi qui n'avais pas vu grand'monde de la journée, je suis servi ! Impossible de dire "bonjour" ou même "bonsoir" à tout le monde...
Une petite photo rapide à chaque lac, et j'arrive sain et sauf à 19 heures à notre campement. Christine n'a pas reçu mon SMS, son portable ne captait pas...