- D+: 1191m
- D-: 1632m
- distance : 19 km
- temps avec les pauses : 13 heures 22 minutes
Il y a une petite mare à proximité de notre campement. En m'approchant, je suis surpris par les reflets très réalistes de la montagne dans l'eau.
A nouveau, une longue journée nous attend, avec une difficulté supplémentaire : notre carte d'Espagne est bien moins précise que la carte IGN au 1/25000 que nous utilisons en France. Et nous avons prévu de passer par deux vires, corniches sur le flanc d'une paroi rocheuse, où nous n'aurons pas droit à l'erreur. Nous avons bien noté le topo de randonneurs précédents sur Internet, mais bizarrement tout le monde fait le circuit dans l'autre sens...
Pour l'heure, il s'agit de trouver l'entrée de la première vire, le côté est de la faja de las flores, que nous voyons à l'horizon (flêche ci-dessous).
Nous arrivons facilement à la cabane (très peu confortable, surtout par rapport à notre bivouac de rêve) et au piquet signalé par d'autres randonneurs sur le Net.
Il s'agit ensuite de traverser un nouveau lapiaz, avec quelques cairns et deux isards pour nous guider.
Nous trouvons l'entrée de la vire, signalée par un tapis d'edelweiss. J'ai un peu d'appréhension devant le vide du canyon d'Ordesa. Christine en profite pour vérifier ses messages, enfants oblige, mais comme d'habitude, pas de réseau...
Un premier virage et nous voyons ce que nous attend : 3,5 km de parcours horizontal, avec faux pas interdit, plutôt impressionnant mais sans réelle difficulté par beau temps.
Après chaque virage, c'est la surprise, on découvre au dernier moment la suite du sentier.
Par moment, le sentier se fait un peu plus large et passe à l'ombre des rochers. On y trouve même un emplacement de bivouac à l'abri de la pluie...
Nous quittons ce passage magnifique, après avoir croisé au total une dizaine d'Espagnols, qui font sans doute la longue boucle depuis le fond du canyon d'Ordesa. Vers midi, nous arrivons donc à l'extrémité ouest de la vire, et découvrons un lieu de pic nic idéal : l'Aguas Tuertas au fond du cirque de Salarons.
Ce cirque est parcouru par de petits ruisseaux aux nombreux méandres. Nous somme surpris par le courant, qui se dirige vers la montagne. En fait, l'eau se déverse dans une cavité rocheuse, elle doit ressortir à l'air libre quelque part dans le canyon.
Après le repas, il nous faut à nouveau chercher notre chemin, qui n'est pas forcément celui des isards.
Nous repérons facilement le Mondarruego, une montagne de cailloux de 2848 mètres, et nous dirigeons vers le col côté nord. Il nous faut traverser successivement l'Aquas Tuertas, puis une pente herbeuse, puis une pente caillouteuse à la limite des lapiaz. On voit bien le chemin parcouru sur cette photo, avec l'entrée de la faja de las Flores sur la droite du pico de Salarons, les zones herbeuses, et la montée parmi de très rares cairns.
Arrivés au col, l'aller retour sans sac à dos vers le sommet du Mondarruego se fait en une demi-heure.
Une fois de plus, le doute nous assaille : allons-nous trouver le deuxième passage, la vire de l'Escuzana ? En effet, le sentier qui descend maintenant vers l'ouest semble aboutir directement sur un précipice.
Ouf, nous repérons un cairns puis un autre et nous trouvons sans difficulté l'entrée de la vire, juste à gauche de la pente herbeuse.
Nous ne pouvons nous empêcher de comparer les deux vires. Celle-ci est plus courte (1300 mètres), plus pentue, moins impressionnante mais plus variée. Elle est aussi moins connue, nous n'y croisons absolument personne. Enfin, un point commun : les deux vires sont magnifiques et méritent le détour, si on ne craint pas les passages délicats et si on n'a pas peur de se perdre.
On y trouve même un passage équipé (un peu superflu cette corde compte tenu de ce que nous avons franchi par ailleurs), ainsi que deux petites cascades qui permettent de prendre une douche originale.
La sortie de la vire, versant blanc calcaire est facile...
... mais une nouvelle difficulté nous attend sur le versant suivant, brun gréseux : la remontée vers le col de Forqueta.
Heureusement quelques signes nous montrent le bon chemin
Nous arrivons enfin au col, après un dernier pas délicat. Depuis le col, dans l'autre sens, le début du passage ne saute pas aux yeux. Il faut repérer le petit cairn (flêche ci-dessous) et oser se lancer...
Ce col nous offre un point de vue sur le parcours que nous venons de réaliser (cliquer sur la photo pour agrandir et voir les pointillés)..
La descente du col est à nouveau très raide et laisse Christine perplexe.
Mais le sentier est bien tracé et c'est finalement bien plus facile que la montée. La suite vers Port Boucharo et le retour en France n'est plus qu'une formalité, même si la fin du sentier dans les éboulis est là encore difficile à trouver. Cela ne nous gène pas trop puisque le col est facile à repérer, mais dans l'autre sens cela doit être plus délicat.
Depuis Port Boucharo, nous regagnons le parking du col des Tentes ... par la route ! Quel changement après ce que nous avons traversé. Au parking, il est déjà 19 heures et nous hésitons sur la suite : le Lac des Espécières n'est pas très loin du parking, et donc en théorie interdit au bivouac puisqu'à moins d'une heure de la route. De plus, nous sommes en retard sur les étapes prévues, sans doute avons-nous pris trop de photos....
Nous choisissons donc une autre option : demander aux derniers touristes véhiculés s'ils peuvent nous descendre jusqu'au GR10, 500 mètres plus bas. Deux Espagnols acceptent avec gentillesse et nous descendent ... 3 épingles à cheveu trop bas. Nous remontons donc par la route, puis prenons le GR10 en direction de l'ouest.
Le soleil se cache à 20 heures, lorsque nous arrivons à la cabane des Tousaus. Cette cabane ne contient qu'une table et deux bancs, sur un sol en pierre. Cela convient à Christine mais je fais la fine bouche : dormir sur la pierre, avec nos tapis de sol pas très épais, cela ne m'enchante pas.
Nous reprenons donc notre marche. Mais il se fait de plus en plus tard et aucun emplacement de bivouac n'est possible : soit la pente est vraiment trop importante, soit les nombreuses vaches ont complètement labouré et sali le terrain. Nous arrivons à 21 heures à la cabane de Sausse-Dessus, en espérant qu'elle soit vide.
Elle est vide mais est encore moins confortable que la précédente : un sol en béton avec un unique lit une place sans sommier (juste des ressorts !)
Au final, nous cherchons à la lampe de poche un emplacement de bivouac entre les bouses de vache, et finissons de nous installer dans la nuit, à presque 22 heures. Le repas du soir se limite à une soupe, nous nous endormons malgré tout très rapidement, en nous disant qu'on a vraiment mal joué ce soir.
dur dur la fin de journée !
RépondreSupprimerPas tout les jours facile!!
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