- D+: 687 m
- D-: 1178 m
- distance : 24,1 km
- temps de marche : 9 heures 00 minutes
La pluie a cessé pendant la nuit, pour le petit déjeuner nous pouvons enfin profiter de la table qui se trouve juste à côté de notre tente. Nous replions un équipement humide en espérant pouvoir le faire sécher dans la journée, mais bien sûr nous oublierons totalement cette bonne intention durant la pause du midi.
Nous nous occupons aussi d'un nouveau fléau à prendre en compte depuis quelques années : les tiques ! Après Isabelle hier, c'est moi qui suis piqué, heureusement nous avons toujours le tire-tique dans la trousse à pharmacie.
C'est finalement sous un beau ciel bleu que nous reprenons notre route en direction du Bonhomme puis de Sainte-Marie-aux-Mines. Nous sommes ébahis par un engin forestier qui a une productivité impressionnante : une seule personne peut couper un pin, élaguer les petites branches et le tronçonner en morceaux réguliers de 3 ou 4 mètres, comme on le voit sur cette petite vidéo :
Nous arrivons au village "le Bonhomme", jusqu'à présent nous connaissions surtout le col éponyme. Ce retour à la civilisation nous ravit : tout d'abord nous faisons un petit détour à la boulangerie ; un peu plus loin nous restons en admiration devant un potager parfaitement entretenu, le propriétaire se présente et nous engageons une conversation amicale. Il nous permet de remplir nos gourdes, ce qui tombe bien car il n'y a pas de fontaine au village.
L'étape suivante est le col des Bagenelles, c'est aussi le début de la route des Crêtes. Cela nous rappelle notre rando de 8 jours dans les Hautes Vosges en 2020, nous étions alors presque à l'autre extrémité, du côté du Grand Ballon. Cet emplacement nous offre une jolie vue vers le nord sur la vallée de la Lièpvrette, ainsi qu'un bel emplacement pour le repas du midi avec nos viennoiseries.
Nous passons la Roche des fées, un site intéressant mais d'accès difficile en raison de nombreux arbres déracinés. Ici encore, la forêt porte toujours les stigmates de la Grande Guerre, nous voyons des dizaines de monticules adossés à des trous, témoins des obus qui ont dû s'abattre ici il y a plus de 100 ans.
Par le GR 531, nous arrivons facilement à l'arbre de la Liberté, un site magnifique qui pourrait constituer un lieu de bivouac parfait, même par temps de pluie puisqu'une cabane confortable et bien entretenue s'y trouve aussi. C'est d'ailleurs l'emplacement que j'avais prévu au troisième jour.
Cependant, nous avançons plus vite que prévu : il n'est que 14h30, bien trop tôt pour nous arrêter car nous sommes en super forme, et nous décidons de continuer, si possible jusqu'à Sainte-Marie-Aux-Mines. Nous repartons donc plein nord, en suivant les bornes en granit numérotées qui symbolisent la première annexion allemande de 1870, elles séparent le côté français (marqué d'un F) du côté allemand (marqué d'un D, souvent effacé au burin !).
Nous sommes déçus car au col de Sainte-Marie, il n'y a malheureusement aucun commerce pour prendre une petite collation, le site est juste un grand croisement avec une dizaine de chemins ou routes. Nous décidons alors de continuer jusqu'à la ville, qui dispose de deux campings. Les Reflets du Val d'Argent est un camping avec piscine, mais personne ne répond à nos appels, aussi nous craignons qu'il ne nous accepte pas faute de place. Nous optons donc pour le Fenarupt, un petit camping indiqué sur la carte.
En ville, seul l'autre camping est fléché partout, nous sommes un peu surpris mais nous avons l'adresse exacte et ne nous inquiétons pas trop. Arrivés sur place, nous découvrons un véritable camping fantôme : les sanitaires sont barrés d'un laconique "out of service", il n'y a pas d'eau, et les quelques caravanes ou mobil-homes présents semblent tous abandonnés, comme si tout le monde était parti précipitamment.


Il commence à se faire tard et nous sommes bien fatigués après cette très longue journée de 24 kilomètres. Nous décidons de nous livrer à une activité inédite, le "campex" (comprenez de l'urbex en camping !). Et nous finissons par trouver un robinet d'eau froide qui fonctionne, au bord d'un petit jardin un minimum entretenu. Cela nous suffira, nous installons notre campement au bord du chemin, à côté d'un mobil-home devant lequel se trouve une table et des chaises. Celui-ci n'est même pas fermé à clé, mais une forte odeur de renfermé nous limite à y rechercher une bassine qui nous servira de lavabo.
Ce n'est pas vraiment la douche chaude que nous espérions, mais nous faisons contre mauvaise fortune bon cœur, et nous réjouissons finalement de ce site complètement inattendu, avec fauteuils !
Vers 21 heures, avant de nous coucher, et alors que tout était calme, de la musique très forte émane de la maison située à une vingtaine de mètres de l'entrée. Nous nous disons que c'est quand même incroyable de subir des nuisances sonores dans un camping vide.
Un peu plus tard, dans la nuit, un 4x4 plein phares débouche subitement et s'arrête juste devant notre tente. Un homme en sort, sa frontale m'éblouit complètement, j'hésite sur la conduite à tenir ! Je décide d'aller à son devant et je lui dit "Excusez nous, on s'est peut-être installés chez vous, on n'a vu personne". Il me répond "pas du tout, j'habite juste en face, pas de problème". Il nous explique alors que le propriétaire du camping n'est pas commode, surtout quand il met la musique à fond, et rentre chez lui, dans une cabane attenante au jardin où nous puisons de l'eau !
Nous n'avons guère le choix, il fait nuit, nous décidons de dormir, heureusement la musique s'arrête assez vite et la nuit restera calme, mais quelle aventure !